mercredi 27 avril 2016

La déprime du penseur

Il s’est appelé le poète avant de devenir Le Penseur. Depuis plus de 130 ans, la créature d’Auguste Rodin incarne un homme perdu dans ses pensées. Il pourrait tout aussi bien illustrer la célèbre affirmation de René Descartes pour qui penser constitue la preuve de son existence. Avec son « Je pense donc je suis » le philosophe déclarait que l’homme ne peut avoir la capacité de douter de toutes choses de façon constructive que s’il ne doute pas de sa propre capacité à douter.
Embourbé depuis plus d’un siècle dans cette spirale infernale, le penseur n’affiche plus aujourd’hui la superbe dont l’avait gratifié le créatif Rodin. Je l’imagine facilement dans cette sculpture blanchie, coin Saint-Denis et Sherbrooke, comme s’il avait soudain réalisé la vacuité de toutes ces années de cogitation.
Peut-être quelqu’un lui a-t-il confié cette autre « vérité » qui veut que l’absence de pensée soit à l’origine de l’illumination du Buddha. Quoi qu’il en soit, la dualité de croyances aurait eu pour conséquence de le plonger dans une profonde déprime.

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